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CUISINE

La cérémonie du thé Touareg

Le carnet d’exploration
La cérémonie du thé Touareg

La préparation du thé constitue un véritable rite chez les Touareg. C’est un des meilleurs moments de la journée. Boisson nationale du Sahara, la cérémonie du thé est un véritable art.

Histoire et origine

À la fin du XVIIe siècle, le thé fut introduit au Maroc à la cour du Sultan Moulay Ismaïl par les marchands anglais de la compagnie britannique des Indes orientales. Peu à peu, le thé vert à la menthe devient une institution royale ouvrant la voie à une démocratisation dans le royaume au fil des années. Le thé passe de boisson d’élite à boisson populaire. À partir de 1930, d’importantes familles de commerçants vont commercialiser cette boisson et contribuer au développement et à la distribution du thé dans le pays.

La consommation du thé continue son périple et arrive au Sahara grâce aux Touareg dans les années 1940. Voyageant de pays en pays, ils s’emparent de cette tradition et en font leur propre rituel. Il se répand dans tout le Maghreb, au Sahara et en Afrique subsaharienne. Distinct du thé marocain, sa préparation devient plus relevée, sans feuilles de menthe. La boisson prend une couleur caramel à la saveur âcre et corsée.
Le thé fait rapidement partie des boissons indispensables à la vie dans le désert, comme le déclare un proverbe Touareg :

« L’eau, c’est la vie, le lait la survie, le thé la boisson nationale. »


La cérémonie des trois thés, symbole de convivialité et d’accueil

Communément appelée “ATAYE”, cérémonie de thé en dialecte local, les nomades ont su perpétuer cette tradition. Les Touareg ont inventé des codes qui font de la dégustation du thé un véritable art.

Le chef de famille est celui qui se charge de sa préparation, rituel qui sé déroule devant les invités. La cérémonie du thé est une preuve d’hospitalité aux visiteurs, un prétexte pour discuter et échanger. Selon un proverbe Touareg, pour réussir le thé il faut trois choses: “les braises, le temps, les amis”. Tout d’abord, cette préparation nécessite deux théières pour transvaser le thé. Le chef fait bouillir de l’eau dans une bouilloire puis verse les feuilles de thé. L’eau de la première théière est jetée et les feuilles de thé sont remises à infuser. Après l’infusion, le thé est transvasé dans la seconde théière où a été placé un éclat de pain de sucre. Le thé est ensuite transvasé de la seconde théière à un verre et vice-versa jusqu’à ce que le pain de sucre soit fondu. Cette opération a aussi pour but d’aérer le thé.
Le thé est versé dans des verres et non dans des tasses, servi très chaud et dégusté par petites gorgées.

Généralement, le thé est dégusté après les repas pour aider à la digestion.

Une fois le premier thé bu, le chef de famille récupère les verres pour les remplir à nouveau et ce trois fois. Le thé est de nouveau préparé sans changer les feuilles mais en rajoutant du sucre, d’où le proverbe Touareg suivant :

« Le premier thé est âpre comme la vie, le deuxième thé est doux comme l’amour, le troisième thé est suave comme la mort. ».

Si un convive rend son verre retourné, cela signifie qu’il ne veut plus être servi. Il est poli cependant d’accepter les trois tournées traditionnelles. 

Les Touaregs servent toujours trois thés. Jamais un verre car seul Dieu est unique. Deux verres serait un manque de générosité. Le quatrième verre ne contient plus guère de théine. Un cinquième verre signifie qu’il est temps de prendre congé. 

À la fin, le chef lave les verres et les range soigneusement, cela fait partie de la cérémonie. 

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